Tatouage japonais : histoire et symbolique du tatouage au Japon

Tatouage de Samourai Japonais
Tatouage de Samourai Japonais

Le tatouage d’inspiration japonaise est un des styles de tattoo les plus appréciés en occident. L’acte du tatouage, appelé « Horimono » (littéralement « graver » en japonais) est en effet une pratique reliée, au Japon, à des rites ancestraux. L’histoire du tatouage est particulièrement riche au Japon : on retrouve déjà des traces de la pratique de modification corporelle dans la civilisation Aïnou, qui était la population autochtone du Japon, les premiers habitants de l’archipel. Les Aïnous étaient une population d’origine préhistorique (période Jomon de l’histoire japonaise) vivant principalement dans le nord est du japon, entre l’île d’Hokkaido et l’île Russe de Sakhalin. A l’instar des indiens d’Amérique ou des aborigènes australiens, le groupe ethnique des Aïnous sont aujourd’hui devenu une ethnie minoritaire du Japon, ils sont très différents des Japonais et reconnaissables à leur petite taille, leur teint plus foncé, leur corps robuste, et leurs membres courts. Ces caractéristiques leur valent, ainsi que leur langue, de faire l’objet de théories selon laquelle ils seraient parents des Inuits

La colonisation progressive du Japon par les Wajin (Japonais non originaires de l’archipel) à partir du 15ème siècle, scellera en partie le destin de la pratique du tatouage par les Aïnous, qui s’en servaient principalement pour orner le visage des femmes. Les femmes Aïnous se faisaient ainsi tatouer le dessus des sourcils, et sur les contours des lèvres, à la manière d’un maquillage. Ils étaient réalisés très jeunes, à partir de la puberté, voire dès l’âge de 6-7 ans et progressivement jusqu’au mariage de la jeune fille, sur le visage, faisant des sortes de moustaches de guerriers sur la lèvre supérieure. Les Aïnous ont en effet une pilosité plus abondante que celle des japonais, elle est considérée comme un signe de beauté. Les hommes portent de longues barbes et moustaches, que les femmes mariées imitent par le tatouage. Le tattoo aïnou se porte également sur les bras, les mains, sous la forme de motifs géométriques curvilignes, à la manière d’entrelacs tribals. Ces tatouages de gaines sur les avant-bras devaient, pour les femmes, être cachés aux hommes sous peine de grand malheur. Ils représentaient en partie le statut social. Outre ses vertus esthétiques, le tatouage avait alors, comme souvent dans les cultures primitives, une dimension protectrice pour la porteuse et sa famille. Le tatouage de la lèvre supérieure est notamment un symbole d’arrivée à maturité, prenant sa forme définitive au mariage. Il assure une vie après la mort et une place parmi les ancêtres.

L’arrivée des colons Japonais a repoussé l’ensemble des traditions Aïnous , qui étaient originellement présentes dans tous l’archipel, dans le nord du Japon, où elles ont lentement périclité, y compris celle du tatouage féminin, qui a été interdit à cette époque, de même que le port de boucles d’oreilles et le culte de l’ours entre autres coutumes. L’influence culturelle et religieuse du bouddhisme, venue de Chine et de Corée contribuera fortement entre les 7ème et 8ème siècle, à donner une connotation négative au tatouage au Japon.

On retrouve la trace du tatouage traditionnel Japonais au 16ème siècle, à l’époque principalement guerrière de « l’âge des provinces en guerre » (Sengoku Jidai). Les samouraïs (guerriers) portaient des tatouages symbolisant l’emblème de leur clan sur le corps. Lors des guerres civiles nombreuses de cette période, le tatouage était notamment un moyen d’identification du clan d’appartenance des cadavres morts au combat. La décapitation et le vol des dépouilles étant monnaie courante, ce marquage clanique était important pour les guerriers souhaitant trouver une sépulture au sein des leurs et de leurs ancêtres, très importants dans la culture japonaise

Le tatouage Japonais connaitra un regain de popularité lors des 17ème et 18ème siècles, grâce notamment à l’influence d’un roman Chinois issu de la tradition orale : « Shuǐ hǔ zhuàn » (littéralement « le récit des Berges », traduit en « Au bord de l’eau » en français). Certains personnages de ce roman étaient fortement tatoués, notamment Lu Zhi-shen, le bonze tatoué. Provisoirement interdit sous le règne de Mutsuhito, pendant l’ère Meiji, le tatouage reprendra progressivement une place en marge de la société japonaise, place qu’il occupe encore aujourd’hui depuis l’ère Edo et la la prise de pouvoir de Ieyasu Tokugawa. Il est alors un marquage punitif pour les criminels et prisonniers, dont le rassemblement organisé engendrera la pratique du tatouage chez les yakuzas, et n’est utilisé volontairement que part les groupes sociaux marginaux tels que les prostituées (Yujo), les courtisanes de la classe artisane (irebokuro, ou tatouage des geishas, pratique destinée à signifier corporellement l’amour et la loyauté à l’amant). Les principales signification du tatouage des prostituées japonaises de l’époque Edo sont la représentation de sentiments humains (ninjô), l’élégance (iki), la coquetterie (bitai), la fierté (ikiji), la résignation (akirame) ou par certains corps de métiers dangereux comme les pompiers, qui se font encrer des tattoos d’animaux protecteurs, très présents dans la tradition sino-japonaise, comme le dragon ou le tigre, symbole de force protectrice. Le tatouage au Japon reste aujourd’hui pour de nombreuses personnes une marque d’infâmie

Photos de tatouages Japonais