Le tatouage Japonais traditionnel, motifs et symbolique

Tatouage manchette japonaise
Tatouage manchette japonaise

Riche d’une histoire préhistorique, le tatouage Japonais traditionnel artistique tel que nous le connaissons aujourd’hui est issu de la période Edo, de 1600 à 1868, pendant laquelle différents courants sont établis entre tatouage punitif des criminels et tatouage des héros et guerriers samurais, le tatouage Japonais a été au cours de l’histoire du Japon un signe tour à tour glorieux et honteux en fonction des périodes, et des points de vues. Le tatouage était parfois vu comme un art dans certaines grandes villes car il faisait référence à un roman Chinois populaire « Au bord de l’eau », Suidoken en Japonais, qui comptait les aventures viriles de héros tatoués et valeureux. Les romans étaient imprimés avec des blocs de bois, et ont inspiré de nombreux motifs de tatouages, dragons, tigres, images de légendes.

Le style de tatouage japonais est aujourd’hui un style à part entière, très codifié et influencé par les arts traditionnels nippons comme la poterie, la calligraphie, la peinture, les Noren (tentures japonaises)… La culture orale populaire et sa transmission iconographique, les signes liés à la religion (bouddhiste principalement), et les légendes japonaises sont les principales sources d’influence du tattoo japonais. Les motifs animaliers sont omniprésents, et leur symbolique particulièrement forte.

Le tatouage Japonais, ou « Horimono », comporte de nombreux motifs codifiés. Le tatouage appelé « irezumi » (« insertion d’encre ») est la forme la plus connue, qui consiste à tatouer de grandes parties du corps, idéalement l’intégralité du corps, bras, jambes, dos, torse, le tatouage traditionnel intégral japonais forme une seconde peau qui constitue une œuvre d’art à part entière, pouvant représenter l’œuvre de toute une vie, de par le temps nécessaire à sa réalisation et l’argent dépensé pouvant atteindre des sommes très importantes. Légalisé en 1945, le tatouage au Japon est souvent associé au tatouage intégral des Yakuzas, la pègre japonaise, les tatouages symbolisent donc le crime dans l’inconscient collectif depuis des siècles. De nos jours le tatouage se démocratise peu à peu au Japon, maisenc les bains publics, ou autres sources chaudes sont parfois encore interdits aux tatoués, il reste donc difficile pour un Yakuza repenti ou pour les tatoués non liés à la mafia de montrer ses tattoos, car cela reste mal vu, surtout chez les plus anciens. Le respect et l’admiration que l’on pouvait éprouver à l’égard des Yakuzas dans la société japonaise s’est lentement effrité auprès de la population. D’autre part, les jeunes japonais adeptes du tatouage sont souvent plus attirés par de petits motifs rapides à tatouer et par des modèles de tatouages liés à la culture occidentale, principalement américaine, que par le tatouage japonais traditionnel qu’ils rejettent le plus souvent

Les tatoueurs japonais maitrisent un art séculaire qui se transmet de maîtres à disciples, dans des écoles artistiques ou directement dans les salons de tatouage. Il s’agit d’un long apprentissage des techniques et de la parfaite représentation des motifs, le maitre étant le seul à tatouer tandis que son apprenti reproduit les motifs du catalogue de tatouage personnel du maitre auprès duquel il se forme. Le Tebori, tatouage traditionnel Japonais à la main est une pratique qui perdure encore chez certains maitres tatoueurs, qui utilisent des aiguilles implantés au bout d’un manche fait de bois ou de metal, pour perforer rapidement et à la main la peau en de multiples petites piqures. Le principe est le même que pour le tatouage au dermographe, mais qui endommagerait moins la peau de par la finesse requise pour le tatoueur et le talent que cela demande. Le tebori japonaisest en revanche un processus long et douloureux. La plupart des jeunes tatoueurs japonais, même ceux qui pratiquent le tatouage japonais traditionnel, préfère utiliser des machines pour le tatouage. Les maitres tatoueurs japonais donnent traditionnellement leur nom de tatoueur à leurs élèves, constitués du préfixe « Hori » (« graver ») et d’une syllabe de leur propre nom. Citons, entres autres les grands maitres du tatouage Japonais traditionnel les plus célèbres : Horiyoshi III, Horiken II, Horitaka ou encore Horihide (Kazuo Oguri)

Le tatoueur japonais réalisera généralement l’ensemble des contours du tatouage en une seule fois, et terminera ensuite les ombrages et couleurs lors de plusieurs séances en fonction des finances de son client. Certains tatouages Irezumi peuvent être en cours pendant des années. Une fois un Irezumi intégral terminé, l’artiste tatoueur appose généralement sa signature à un endroit discret, sur le dos la plupart du temps.

Les motifs du tatouage japonais traditionnel

Les motifs sont généralement très codifiés dans la manière dont ils doivent être dessinés, des codes couleurs, des formes, et ont des significations diverses en fonction du sens du motif, de l’endroit du corps. Les motifs sont généralement liés à la nature, aux animaux, à des figures historiques de l’histoire japonaise, ou à des personnages issus de légendes populaires sino-japonaises. Voici quelques exemples :

  • Tatouages de fleurs japonaises : La pivoine symbole de richesse, le chrysanthème symbole de détermination, la fleur de cerisier, symbole de la vie éphémère, la fleur de lotus, symbole bouddhiste sacré d’accomplissement
  • Tatouages d’animaux japonais réels et issus de la mythologie asiatique : le lion, symbole de force et protection, le tigre, symbole de combativité, la carpe Koi nageant à contre courant symbolisant le courage, le serpent, le tatouage de dragon, de Qilin (mélange de cerf, de cheval et de dragon), de Baku (créature mélange d’éléphant, de tigre et de rhinocéros qui se nourrit des rêves et des cauchemars) ou encore le Hoo-Hoo (phoenix japonais)
  • Personnages les plus courants en tatouages : figures de la littérature populaire, principalement Suikoden, figures que l’on retrouve sur les tentures et estampes japonaises, liées à l’histoire du japon : geisha, samurai, divinités du Bouddhisme ou du shintoïsme
  • Symboles liés aux éléments, qui font souvent le lien entre les motifs : nuages, vagues, tourbillons représentant la mer ou le vent. Le feu est rarement présent dans une représentation directe.

Modèles de tatouages Japonais